La Fondation Hirondelle a publié une note de cadrage pour optimiser la collaboration entre les médias et les différents acteurs des processus de médiation. Les médias proposent des espaces de dialogue nécessaires à une paix durable.
La Fondation Hirondelle est active depuis trente ans dans des contextes de conflits ou sortie de conflit. La médiation comprend aussi bien l’assistance d’une tierce partie à la négociation entre deux parties en conflit, que la facilitation et le dialogue pour un nouveau contrat social. Les médias relient plusieurs réalités, différents points de vue et groupes humains afin de permettre un partage de perceptions et de connaissances sur les causes et conséquences des violences et des conflits. La façon dont les processus de médiation sont couverts par les médias déterminent donc largement les chances que cette médiation puisse avoir lieu, aboutisse à des accords de paix et ait des effets durables.
La qualité de l’information fournie par les médias aux populations locales est cependant souvent mise à mal par la fragilité et la polarisation des médias, la mé-désinformation sur les réseaux sociaux et le manque d’échanges entre les médias et les acteurs en appui à ces processus. Par ailleurs, la nature même de la médiation, à savoir le principe de confidentialité, contraint ou ralentit le partage d’informations avec le public. De même, les différentes natures de processus de paix (de l’accord de cessez-le-feu à la définition d’un nouveau contrat social) influent sur l’implication possible des médias.
Active depuis 2018 dans le consortium européen ERMES (European Resources for Mediation Support) avec d’autres organisations actives dans les processus de médiation, la Fondation Hirondelle a initié en 2023 une réflexion avec plusieurs ONG sur « Média et Médiation » pour optimiser la collaboration entre journalistes et acteurs des processus de médiation.
La Fondation Hirondelle soutient également des médias dans des contextes de conflits en cours tels qu’en Ukraine ou au Myanmar, où les processus de résolution de conflit sont au point mort. Dans ces deux pays, elle se mobilise pour contribuer au fonctionnement et à la survie de médias indépendants et de qualité, ainsi qu’aux besoins d’information des populations déplacées, et à la couverture des enjeux de justice dans le cadre de ces conflits. Respecter l’indépendance des médias et renforcer leur pluralisme dans le paysage médiatique malgré le conflit est essentiel en vue d’avoir des médias proches de leurs publics et qui auront leur confiance au moment des futurs processus de paix.
DONNER UNE VOIX AUX POPULATIONS LOCALES LORS DES PROCESSUS DE PAIX
Studio Kalangou a couvert en 2023 le processus mené par les autorités nationales, traditionnelles, religieuses et les représentant·e·s de la société civile dans la région de Tillabéri, au nord-ouest de Niamey, pour ramener la paix entre les communautés. Les pressions exercées par des groupes terroristes et l’accès limité aux ressources, avaient exarcerbé les tensions déjà existantes entre communautés rivales, entraînant une instabilité dans la région. Studio Kalangou a réalisé une vidéo dans la localité de Tondikiwindi, puis l’a diffusée sur les réseaux sociaux. En novembre, la rédaction est revenue sur la situation. Un magazine radio a mesuré l’impact de l’accord de paix en donnant la parole à des personnes de différentes communautés, afin qu’elles puissent exprimer leur sentiment sur ce que ce processus de paix avait changé pour elles.
NOTE DE CADRAGE MÉDIA ET MÉDIATION
La Fondation a synthétisé ses recommandations dans une note de cadrage afin que l’implication des médias dans les processus de médiation soit qualitative, plus systématique et puisse maximiser leur contribution aux efforts de paix :
• Renforcer l’inclusivité et l’accès de toutes les populations concernées aux informations relatives au processus de médiation, ceci dans leur(s) langue(s) locale(s) et à travers des technologies adaptées (principe leave no one behind) ;
• Favoriser en amont des processus de médiation, la mise en place de partenariats entre les protagonistes de la médiation et les médias ;
• Appuyer les médias afin qu’ils puissent faire un travail de fond et continu sur ces processus ;
• Renforcer les capacités des médias, bien en amont des processus de médiation ;
• Renforcer le soutien psychosocial aux médiateur·rice·s et journalistes impliqué·e·s dans les processus de médiation ;
• Former les médiateur·rice·s aux questions relatives aux médias ;
• Renforcer l’éducation aux médias et à l’information (EMI) de la population générale.