Rapport annuel 2023
Un enquêteur réalise une étude d’impact sur Radio Ndeke Luka pour la Fondation Hirondelle à Obo, à l’extrême sud-est de la République Centrafricaine. © Gwenn Dubourthoumieu / Fondation Hirondelle

Études et Recherche : des outils face à la violence et la désinformation

L’évolution de la recherche a permis de récolter des données et de développer des outils pour lutter contre la désinformation. Nous avons également mené un projet de recherche sur les violences basées sur le genre et analysé l’impact de nos programmes d’information.

La Fondation Hirondelle veut être une organisation apprenante qui adapte et améliore ses activités à la lumière d’informations objectives. Depuis plus d’une dizaine d’années, nous travaillons étroitement avec le milieu académique afin de mesurer l’effet de notre action et développer nos programmes d’information au plus près des besoins des populations. En 2023, notre département de la Recherche et des Politiques pour les médias a mené des projets de recherche et tenu divers panels axés sur les thématiques de la violence et la désinformation.

Nos journalistes et journalistes des médias partenaires sont confronté·e·s à la violence au quotidien. En 15 ans, le Sahel a connu une augmentation de 2000 % des décès de civils et personnes engagées. En 2023, près de la moitié des attaques répertoriées par le Global Terrorism Index dans le monde ont eu lieu au Mali, Niger et au Burkina Faso. Ces violences génèrent des crises humanitaires massives et une augmentation des déplacements dus à l’instabilité. Le Burkina Faso est confronté à l’une des plus importantes crises de déplacement interne en Afrique. La grande majorité des personnes déplacées sont des femmes et des enfants de moins de 15 ans. Ces personnes ont un besoin accru d’être protégées contre les violences basées sur le genre (VBG) et les traumatismes psychologiques associés.

En 2023, nous avons conduit un projet de recherche au Burkina Faso, visant à renforcer la capacité des journalistes à répondre aux besoins d’information des survivant·e·s de violences basées sur le genre. Il s’agissait notamment de sensibiliser les journalistes à la façon dont leurs propres préjugés et leur contexte de travail influencent leur capacité à traiter de rapports de domination basés sur le genre, et à gérer les traumatismes dans leurs interactions avec les victimes. L’étude a également mis en exergue combien il peut être traumatisant pour les journalistes, individuellement, de couvrir ces situations de violences. La gestion des traumatismes par les journalistes sera au coeur du suivi que nous voulons donner à ce projet en 2024.

Nous avons mené ce projet avec une équipe multidisciplinaire de chercheur·euse·s internationaux de l’université de Sheffield et de la Harvard Medical School & School of Public Health, ainsi qu’avec des expert·e·s basé·e·s au Burkina Faso, au sein de l’université Thomas Sankara, de l’ONG Pull for Progress, et avec nos journalistes de Studio Yafa.

Ce projet de recherche a été décliné en trois phases :
1. Des discussions de groupes et des entretiens individuels avec des journalistes de la capitale, des zones rurales et des « zones rouges » affectées par le conflit ;
2. Une analyse détaillée du contenu d’une année d’émissions produites par Studio Yafa, dont les sujets couverts et les formats, la participation des femmes et les interactions entre les hommes et les femmes ;
3. Une formation sur la gestion du trauma et la prise en compte du genre, dispensée aux journalistes ainsi que l’élaboration avec les journalistes de recommandations.

Un projet de recherche au Burkina Faso a mis en évidence combien il peut être traumatisant pour les journalistes de couvrir des situations de violences.

Une enquêtrice réalise une étude d’impact sur Radio Ndeke Luka pour la Fondation Hirondelle à Obo, à l’extrême sud-est de la République Centrafricaine. © Gwenn Dubourthoumieu / Fondation Hirondelle
Une enquêtrice réalise une étude d’impact sur Radio Ndeke Luka pour la Fondation Hirondelle à Obo, à l’extrême sud-est de la République Centrafricaine. © Gwenn Dubourthoumieu / Fondation Hirondelle

ÉTUDE D’IMPACT EN CENTRAFRIQUE

En 2023, dans le cadre de la Geneva Peace Week, nous avons coorganisé un panel avec l’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, Interpeace et BBC Media Action pour discuter des preuves de l’efficacité des programmes de lutte contre la désinformation.

A cette occasion, nous avons partagé les premiers résultats d’une étude qui mesure l’impact de Radio Ndeke Luka (RNL), média de la Fondation Hirondelle en République centrafricaine, avant et après son lancement dans des zones frontalières.

L’accès à RNL, suite à l’installation de nouvelles antennes radio, a selon les premiers résultats un impact concret : on observe notamment une confiance accrue chez les auditeur·rice·s en leur capacité à discerner le vrai du faux grâce à un meilleur accès aux programmes de RNL. Les résultats finaux pour l’ensemble des localités couvertes par l’étude seront disponibles en 2024.

Une auditrice de Radio Ndeke Luka est interviewée lors d’un reportage à Bangui, capitale de la République Centrafricaine. © Gwenn Dubourthoumieu / Fondation Hirondelle
Une auditrice de Radio Ndeke Luka est interviewée lors d’un reportage à Bangui, capitale de la République Centrafricaine. © Gwenn Dubourthoumieu / Fondation Hirondelle
Interview d’un maraîcher au Niger par un journaliste de Studio Kalangou. © Apsatou Bagaya/Fondation Hirondelle
Interview d’un maraîcher au Niger par un journaliste de Studio Kalangou. © Apsatou Bagaya/Fondation Hirondelle

INCLUSION ET VISIBILITÉ DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE

L’anglais est la langue dominante lors d’événements internationaux. Sans une langue commune, le partage des connaissances et la collaboration seraient certes impossibles, mais l’utilisation quasi-exclusive de l’anglais a un impact indéniable sur la représentativité géographique. Les représentant·e·s de l’Afrique francophone sont souvent absent·e·s des échanges internationaux qui ont trait au secteur des médias.

Avec plus de 10 millions d’auditeur·rice·s au quotidien en Afrique, la Fondation Hirondelle s’efforce d’assurer la visibilité des médias du Sahel et de l’Afrique centrale à travers ses partenariats de recherche et ses évènements.

En 2023, la Fondation Hirondelle a assuré la venue et la prise de parole de plusieurs expert·e·s africain·e·s engagé·e·s dans le renforcement des médias, que ce soit lors du Forum Media and Development (FOME) à Bonn ou à la conférence de l’Association internationale pour la recherche sur les médias et la communication (IAMCR) à Lyon.